Histoire
 

Autrefois écrit Furens. La traduction latine de furens donne "qui est égaré, hors de lui, en délire" d'où le sens de furieux que l'on donne habituellement à ce nom. Il est vrai que ce qualificatif convenait très bien à cette rivière à régime torrentiel qui a de nombreuses fois inondé la ville dans le passé.
En 1866, dans La légende des Gagats, Pierre Auguste Callet parle du dieu Fur, dieu du feu, du foyer, de la forge. Devenu Furanos chez les gaulois, ce pourrait être l'origine de la légende selon laquelle la qualité des eaux du Furan était particulièrement adaptée à la trempe des métaux d'où l'implantation d'industries métallurgiques sur ses rives.
En réalité, la qualité des eaux ne peut pas être très différente de celle des rivières du massif central. Ce sont des eaux de terrains granitiques ou métamorphiques, ce sont donc des eaux acides sans calcaire.
Si les eaux servaient néanmoins à la trempe des métaux, il ne faut pas minimiser les autres facteurs et notamment l'énergie qui permettait de traiter le minerai de fer trouvé alentour, énergie d'abord probablement apportée par le bois, la région était et est encore massivement couverte de forêts et, plus tard, par le charbon du bassin houiller stéphanois.


Le Furan alors à découvert près de la place du Peuple
Oeuvre de Jean Seillon (1822-1904). Collection Musée de St-Étienne

Le développement industriel de la ville a entraîné un afflux de population et le besoin en eau s'est fait plus important. Il fallait trouver de nouvelles ressources pour alimenter les fontaines publiques et les industries et la saison sèche commençait à poser des problèmes. De plus, les puits utilisés jusque là commençaient à souffrir de la pollution des mines.
Il y a eu, à plusieurs reprises, des tentatives de détournement des sources de la Semène vers le Furan (voir la page histoire du site de la Semène).

Dès 1820, M. Lacordaire, ingénieur des ponts et chaussées, évoque la possibilité de construire des retenues d'eau à la Roche Corbières et au Pas-du-Riot. En 1828, M. Michal, ingénieur des ponts et chaussées, prévoit un barrage sur le plateau de la République. Un peu plus tard, M. Blondat, chiffre les capacités et les coûts de barrages à différents endroits sur le Furan, dont le Gouffre d'Enfer et le Pas-du-Riot, sur le Furet et sur le Chavanelet.

Un projet d'Aristide Dumont, ingénieur des Ponts et chaussées, prévoyait de refouler par des moyens mécaniques l'eau de la Loire depuis le Pertuiset jusqu'à la ville. Présenté à la fin de l'année 1856, ce projet, comme on le sait, est resté sans suite.

C'est le 16 mars 1858 que le maire, Christophe Faure-Belon, a présenté le rapport des ingénieurs Conte-Granchamp et Auguste Graeff au conseil municipal. Ce rapport, très détaillé, prévoyait le captage des sources du Furan grâce à des "rigoles en ciment de Massy" conduisant à une rigole principale. La longueur totale des rigoles était précisément prévue de 36,694 km. De la rigole principale partirait l'aqueduc, probablement du Pont Souvignet, sur une longueur de 12,110 km.
Ce projet présentait l'inconvénient de soustraire de l'eau aux nombreuses usines se trouvant en aval.
Par ailleurs, l'histoire a retenu de nombreuses crues dévastatrices causant parfois la mort de dizaines de personnes. La rue Gérentet à St-Étienne perpétue le souvenir du courageux Jean-Baptiste Gérentet noyé dans le Furan en crue en voulant sauver un jeune homme.
Ainsi, pour satisfaire les besoins en eau des usines et réguler le cours du Furan, le projet d'aqueduc était accompagné du projet d'un barrage au Gouffre d'Enfer.

Afin de prévoir une consommation accrue dans l'avenir, les ingénieurs avaient mesuré les débits des sources de la Semène, de la Dunerette, du Gier, du Furet, de l'Ondenon et du Cotatay, toutes pouvant être facilement détournées vers le bassin du Furan. Le barrage du Pas-du-Riot était également projeté.

Par ailleurs un, puis deux barrages près de Rochetaillée ont été construits afin de permettre de régulariser le cours de la rivière et de stocker l'eau pour l'été.