Le Furan et l'industrie
 

Le Furan a été utilisé, comme beaucoup de rivières (voir, par exemple, la page énergie du site de la Semène), pour la force de son courant. On trouve sur des cartes anciennes et même encore aujourd'hui des noms de lieux évoquant cette utilisation.
Près de la source on trouvait la Scie du Raclet, la Scie Brûlée, la Scie du May. Les activités de sciage du bois utilisaient la force du courant.

Dans un bulletin publié en 1833 par la Société industrielle de l'arrondissement de St-Étienne, Alphonse Peyret-Lallier citant un travail de M. Burdin, ingénieur des mines, daté de 1823, dénombre sur le Furan et le Furet, 22 scieries, 56 aiguiseries pour l'armurerie et la quincaillerie, 15 martinets pour étirer le fer ou l'acier, 93 moulins à farine, 7 battoirs, 3 papeteries, 4 moulins à soie etc. le tout représentant 208 usines utilisant la force de 102 chutes.

A lieu-dit Corbières, tout près du gouffre d'enfer, la famille Jackson a installé vers 1820 une forge comprenant deux martinets, une aiguiserie et un train de laminoir, fonctionnant grâce à la force du courant. L'acier était produit par la fonderie Jackson dans le quartier du Soleil et était acheminé à dos de mulet jusqu'à la forge.

Un peu plus en aval, au lieu-dit Sous-les-Gallières, on peut encore voir une enseigne de fabrique de faux acheté en 1824 par Gaspard Barrellon et encore propriété d'un descendant qui a aimablement permis la publication des photos ci-dessous. La famille Barrellon est implanté un peu plus bas dans la vallée depuis 1732 et l'achat d'un martinet existant. Cette usine, largement développée, sera vendue en 1877, puis de nouveau en 1899 à Saturnin Guichard.
En savoir plus sur la famille Barrellon.




Le martinet


La roue permettant de mouvoir le martinet

Pierre Frédéric Dorian crée, en 1843, aux Ballaires près de Rochetaillée alors sur la commune de Valbenoîte, une entreprise de fabrication de faux utilisant la force du courant pour activer les martinets et faire tourner les meules d'aiguisage.

A l'entrée sud de St-Étienne, on trouve les Grandes Molières et les Petites Molières, où des moulins étaient actionnés par la force du courant, mais aussi des martinets.


Plan de 1834 (archives municipales)

A l'emplacement du moulin Laforge, on retrouve encore sur place des meules abandonnées :


Dès son entrée dans la ville, le Furan a vu son cours être profondément modifié par des barrages, des canaux ou des biefs destinés à faire tourner des machines pour du moulinage ou des aiguiseries comme dans la manufacture d'armes, des meules dans des moulins ou alimenter en eau des teintureries.

Son premier grand affluent, le Furet apportait l'eau aux Papeteries du Valfuret produisant du papier bien sûr puis des cartons.
On trouve encore aujourd'hui la rue des Teinturiers qui indique clairement les professionnels du quartier. Là, le Furan était surtout utilisé pour évacuer les colorants.
Tout le long de la traversée de la ville, le Furan alimentait en eau et en énergie les usines. Cependant, dès 1853, la vapeur pouvait remplacer la force du courant comme à la manufacture d'armes ce qui ne dispensait pas d'un approvisionnement en eau :


Un peu plus loin dans la ville, la rue du Grand Moulin, rappelle qu'en centre ville aujourd'hui, le Furan faisait tourner des moulins. Cette rue a été un quai lorsque le Furan était encore à découvert, on peut voir les moulins sur les images suivantes :


Plan de 1767 (Archives municipales)


Plan de 1853 (Archives municipales)

Aux Molineaux sur la commune de La Fouillouse, on peut encore voir l'usine Valette et Gaurand ainsi que le bief qui l'alimentait en énergie :


Bief d'entrée


Vanne


Bief de sortie

A Andrézieux un bief faisait fonctionner une fabrique de tresses et lacets. Créée en 1881 par Laurent Bertholon sur les restes d'un moulin dont la construction remonterait à 1664, cette fabrique s'est équipée en 1920 d'une chaudière Serve frères.